Le patrimoine arboré sous la loupe
En 2002, la Ville faisait réaliser un diagnostic de son patrimoine arboré, très exactement de 150 sujets présentant des signes extérieurs d’affaiblissement. Outre une expertise externe, chaque arbre avait fait l’objet de sondages pour déceler d’éventuels pourritures ou creusements internes.
Des colosses aux pieds d’argile
L’objectif était clair, dramatiquement rappelé par l’accident du parc du château de Pourtalès à Strasbourg et ses nombreuses victimes : le plus majestueux des sujets n’est parfois qu’un colosse aux pieds d’argile qu’une simple rafale expose à tous les dangers. Il fallait par conséquent s’assurer de l’état sanitaire des arbres les plus vénérables, plantés et entretenus hier selon des techniques précaires, et souvent fragilisés par des travaux périphériques, notamment à l’occasion de réfections des voiries.
Sans surprise, ce diagnostic a confirmé le mauvais état des platanes et des tilleuls du Parc de la pyramide, à l’avenir limité et qui nécessitent une surveillance particulière. 6 platanes présentant un danger immédiat ont alors été abattus et des mesures correctives apportées à d’autres. Ces arbres sont au reste soumis à des tailles sévères régulières pour en limiter la prise au vent.
Même constat pour les 8 platanes de la rue de Belfort dont un spécimen a également été abattu, tandis que 6 autres sont très affaiblis. Ils seront prélevés à brève échéance car leur système racinaire ne résistera pas à la prochaine urbanisation de la parcelle jouxtant la voie ferrée. La création attendue d’un passage sécurisé entre la rue de Belfort et la rue du Barrage permettra en contrepartie de doter l’endroit d’un nouvel îlot arboré.
Prévenir les risques
Le verdict est également sans appel pour la plupart des marronniers qui accusent eux aussi les années, autour du square Soustons, et plus encore en bordure de l’allée des Marronniers où 7 arbres ont déjà été abattus il y a 15 ans car présentant trop de risques pour la population. Une nouvelle expertise déterminera les sujets pouvant malgré tout être préservés parmi ceux sur lesquels le nouveau quartier fluvial n’a aucun impact. Mais c’est une certitude, l’avenir de ces marronniers d’alignement en limite d’âge est compté.
De fait, et quelle qu’en soit la cause, chaque arbre meurt un jour. En forêt, il devient alors le cœur de tout un écosystème et participe de la sorte à la sauvegarde de la biodiversité. Mais rarement en ville où la prévention des risques le condamne avant ce terme. Abattre un arbre, connu par plusieurs générations de citadins, n’est alors jamais anodin. C’est toutefois une étape essentielle dans la gestion d’un patrimoine arboré en milieu urbain.
L'arbre qui cache la forêt
Un acte planifié, tout comme le sont les nouvelles plantations et l’entretien constant de ce patrimoine vivant. Le choix des essences et des pratiques d’intervention font ainsi l’objet de la plus grande attention pour garantir l’avenir des jeunes plants. Ce sera notamment le cas pour les dizaines d’arbres qui seront plantés dans les environs de la passerelle des Trois Pays, et dans les rues adjacentes, dans le cadre du projet Vis-à-Vis. Chacune de ces jeunes pousses sera déjà de bonne taille quand tomberont l’un ou l’autre des marronniers voisins. De manière à ce qu’un arbre abattu cache toujours une forêt de nouveaux plants !