Rencontres avec des Huninguois[es]

Suzanne ANGSTHELM, un certain regard

Juin 2022


Huningue, Suzanne ANGSTHELM l’a connue sous les décombres d’après-guerre, puis retrouver du souffle dans les Trente Glorieuses et enfin se métamorphoser ces dernières décennies. Le regard passionné qu’elle porte sur sa ville est aussi celui d’une citoyenne qui s’est beaucoup dévouée pour la collectivité.

Suzanne ANGSTHELMSans même la connaître, le visage de Suzanne ANGSTHELM semblera familier à qui croise ses pas ici ou là, dans un commerce ou sur le marché, sinon au cours de ses balades journalières. Encline à converser avec qui l’interpelle, elle arpente une ville qu’elle connaît jusqu’à ses venelles; conseillère municipale de 2001 à 2020, Suzanne sait d’ailleurs la complexité d’en entretenir la voirie et le patrimoine pour avoir assidûment siégé à la commission technique, entre autres. En la matière, bon sang ne saurait mentir : son père, Eugène, a été le premier directeur des services techniques. « J’ai beaucoup hérité de lui pour l’avoir écouté parler de son métier dès mon enfance. Il avait été débauché à Saint-Louis pour reconstruire à marche forcée notre ville en grande partie détruite sous les bombardements. Huningue était tout pour lui… »

La disette d’alors a peu marqué Suzy : « tout le monde était dans le même bain ; je me souviens juste avoir mangé ma première banane quand j’avais huit ans ! » Elle se rappelle aussi qu’au départ des Occupants, aucun enfant ne parlait français car « jamais nos parents n’auraient pris le risque de nous en apprendre un seul mot à la maison, par crainte des conséquences si d’aventure nous l’avions répété en présence d’un soldat allemand ! » Suzanne n’a pour autant pas en mémoire d’avoir appris la langue, « ça s’est fait naturellement, sans traumatisme ». L’école était celle d’un autre temps où « garçons et filles avaient chacun leur porte sur la place Abbatucci. L’une des directrices, Berthe LAMY, menait à la baguette tout ce petit monde qu’elle retrouvait aussi le dimanche à l’occasion de fêtes avec courses en sac, mât de cocagne… Fête nationale, retraite aux flambeaux… elle organisait tout ! » Cet engagement a marqué les esprits et sans doute suscité bien des vocations bénévoles…

On ne passait pas la frontière pour l’argent

Dans les années 50, le contexte faisait souvent qu’on allait travailler après l’école élémentaire. Certificat d’études en poche, Suzy se serait bien vue coiffeuse mais saute chaque matin dans le tram qui relie Huningue à Bâle pour devenir couturière, comme sa mère. « On passait la frontière pour trouver du boulot, pas pour l’argent car les deux centimes de mieux que ce que payait la corporation ne pesaient guère, francs suisse et français étant alors à parité. Ni d’ailleurs pour les conditions de travail : je n’avais que huit jours de congés payés et étais renvoyée deux mois sans salaire à la maison en saison morte, apanage des dernières arrivées ! » Après un temps à Saint-Louis toujours dans la confection, elle oblique vers une carrière administrative qui l’amène à rejoindre en 1969 la CCI de Mulhouse : « mon père avait appris qu’un poste de secrétaire était à pourvoir au nouveau port de commerce de Huningue qui allait être inauguré sur le Rhin. J’y suis restée jusqu’à mon départ à la retraite en 2000 ! »

Suzanne n’a ensuite plus compté son temps pour honorer ses trois mandats de conseillère municipale, ni pour la Société d’histoire dont elle est la trésorière depuis une vingtaine d’année. Elle a pu également satisfaire ses envies de voyage, de ceux qui développent les connaissances et font s’ouvrir aux autres. Certains l’ayant même obligée à se passer du superflu, à aller à l’essentiel, tel ce périple aux ÉtatsUnis qui s’achève sur un lit d’hôpital new-yorkais, dans un système peu bienveillant régi par la carte bancaire : « seule plusieurs jours, à batailler dans un anglais approximatif pour qu’on me permette de joindre mon assurance, j’ai appris à relativiser, à mettre les choses en perspective ! »

« Quand j’accepte quelque chose, je le fais ! »

Les qualités de Suzanne ANGSTHELM n’avaient pas échappé à René MOEBEL au moment de constituer sa liste municipale en 2001. « Il m’avait sollicité sans crier gare dans un rayon de supermarché où nous faisions nos courses. J’avais alors donné ma parole et l’ai tenue. Quand j’accepte quelque chose, je le fais ! » Son implication municipale se poursuivra avec Jean-Marc DEICHTMANN et au final tant de projets épluchés en commission technique ; Nef de la petite enfance, Comptoir, La Dunette, stade… lui feront au reste avoir voix au chapitre en commission d’appel d’offres « en conscience et sans consigne de vote ». Sa connaissance des dossiers tout autant que de l’Histoire locale influencent forcément le regard que Suzy porte sur Huningue ; son enfance dans le chaos d’après-guerre et la diversité d’horizons explorés au fil des voyages aussi. Sans état d’âme, elle approuve par exemple la « démolition de ce qui mérite de l’être pour reconstruire quelque chose de plus beau, de plus fonctionnel ». Elle voit aussi d’un bon œil l’élévation d’immeubles « comme ça se fait, avec mesure et à la bonne place ».

Toujours enthousiaste quand il s’agit de raconter sa ville, Suzanne ne se lasse pas d’entendre au hasard de ses promenades les remarques admiratives sur ce qui a été fait à Huningue. À cet égard, si la Ville devait un jour distinguer ses meilleurs ambassadeurs, Suzy serait sans l’ombre d’un doute dans le palmarès !







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